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ENTRETIEN OUEST-FRANCE : Robin Reda propose de soigner « une médecine scolaire en souffrance »



Le 23 mai, une marche blanche sera organisée à Paris à l’initiative des deux principaux syndicats d’infirmiers scolaires. Ils vont dénoncer un manque de moyens mis à disposition par l’Éducation nationale. Un député Renaissance, Robin Reda, tire également la sonnette d’alarme sur la médecine scolaire. L’élu de l’Essonne est l’auteur d’un rapport parlementaire qui pointe le manque d’infirmiers et de médecins dans les écoles, collèges et lycées. Ses conclusions ont été présentées mercredi 10 mai devant l’Assemblée nationale.


Selon le rapporteur, il n’y a pas assez de médecins et d’infirmiers dans les 60 000 établissements scolaires du pays. Pour les premiers professionnels cités, l’élu a compté 300 postes vacants en France. Le document met également en avant que seulement 20 % des élèves de 6 ans passent leur visite médicale obligatoire. Dans cette interview, Robin Reda décrypte cet enjeu de santé publique à l’école, « un lieu de prévention et de dépistage », rappelle-t-il en préambule. Quels constats faites-vous sur la médecine scolaire dans votre rapport ?

Depuis une vingtaine d’années, elle est en souffrance. Non pas par manque de moyens, il y a 1,3 milliard d’euros consacrés à la médecine scolaire chaque année, mais à cause d’un manque de professionnels. On a du mal à recruter des médecins, des infirmiers, des assistants sociaux. Il y a également un manque de coordination entre tous ces professionnels de santé. Aujourd’hui, il devrait y avoir 1 300 médecins scolaires pour 60 000 établissements. Il y en a actuellement entre 900 et 1 000 en comptant les contractuels, contre 1 500 début 2010. Il en manque 300. Comment expliquer ces manques ?

Plus généralement, on a déjà du mal à trouver des médecins en France. Pour l’école, c’est dû à un problème d’attractivité de ces métiers. La médecine scolaire est moins rémunératrice et elle ne prescrit pas. Or, quand un médecin s’engage, c’est souvent pour soigner. Quel est l’impact pour les élèves ?

Huit écoliers sur dix n’ont jamais vu un médecin scolaire pour faire un bilan de santé. À l’entrée au collège, ce sont quatre enfants sur dix. Et on n’a jamais eu autant besoin de santé à l’école, dans un contexte d’après-crise sanitaire. Les problématiques psychiques des enfants se sont accentuées : isolement, difficultés comportementales, problèmes de socialisation… Comme l’école est de plus en plus inclusive, les adultes doivent aussi s’adapter aux profils particuliers des élèves, notamment ceux atteints de handicaps. La parole se libère également sur les problématiques de violences intrafamiliales, ou sur les questions de sexualité. Les grossesses précoces par exemple. Il faudrait une meilleure prise en charge médico-sociale. Que préconisez-vous pour changer la donne ?

La première réponse pour remédier au manque d’attractivité du métier, c’est de valoriser la rémunération des médecins scolaires, qui sont les médecins les moins bien payés de France sur la chaîne médicale. Il faut également faire des infirmiers et des infirmières la clef de voûte de la médecine scolaire. On en compte 10 000, et ce sont eux qui sont identifiés par les élèves, les professeurs, dans les établissements. C’est la figure qui vient à l’esprit de tout le monde quand on parle de la santé à l’école. Ils pallient l’absence des médecins, des psychologues. Il faut également les revaloriser et faire en sorte que leur mission soit plus étendue, notamment en primaire où ils interviennent moins. Il faut s’appuyer sur le corps qui est le plus qualifié pour prendre en charge la prévention en milieu scolaire.


Quoi d’autre ?

Je préconise aussi de revoir la formation et le rôle des psychologues de l’Éducation nationale, encore trop associés aux locaux obscurs des centres d’information et d’orientation. On a besoin de personnes qui soient davantage dans l’écoute, l’empathie, l’accompagnement, qui puissent orienter les jeunes vers des structures de soins adaptées à la santé mentale. Enfin, il faudrait mieux faire travailler tous ces professionnels de santé ensemble. Car l’une des raisons de la désorganisation de la médecine à l’école, c’est qu’ils ont des hiérarchies différentes. Le médecin dépend du directeur académique, l’infirmière du chef d’établissement, le psychologue du recteur, les assistants sociaux du directeur départemental… Il faut revoir la chaîne de commandement, car s’ils ne se connaissent pas humainement, ces professionnels de santé ne partageront jamais les mêmes objectifs.


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